Mes tous premiers souvenirs me ramènent en forêt de Pont-Calleck à Berné, au début des années 50, je devais avoir 6-7 ans. Je n’ai aucun souvenir du travail de mon père, à cet âge ce n’est sans doute pas ce qui m’intéressait. Par contre je me rappelle avoir été ramasser des châtaignes avec ma grand-mère et d’avoir vu des chevreuils tout près de notre cabane.
Un peu plus tard, c’est avec toute la famille, mon père, ma mère et Gaëdick, ma sœur cadette, que nous partions vivre en forêt pour une période d’une à deux semaines. Nous vivions dans une cabane aménagée très sommairement: une table surmontée d’un petit garde-manger, deux bancs, un poêle et les lits constituaient l’aménagement intérieur. Cet aménagement, pour le moins spartiate, ne m’a jamais posé de problèmes car ma vie se passait essentiellement à l’extérieur auprès des meules de charbon. De temps en temps je donnais un coup de main à mes parents pour approcher le bois et le stocker autour des emplacements, mais la plupart du temps je jouais seul ou avec Gaëdick. A l’époque, nul besoin de jouets pour occuper mes journées, la forêt, souvent bordée par un ruisseau ou une rivière, m’offrait un véritable terrain d’aventures. J’aimais aussi écouter mon père raconter inlassablement et toujours avec la même verve des histoires sur son enfance et sur ses ancêtres. Les plus savoureuses concernaient son grand-père Jacques, une figure pittoresque que j’ai eu la chance de connaître.
Jacques Guégan (photo vers 1930)
Mes parents déplaçaient la cabane pour changer de forêt, en fonction de l’abattage des taillis. La plupart du temps c’était dans la forêt de Boblaye à Meslan(56).
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Mais nous avons été aussi aux Salles et à Nargoät sur la commune de Querrien(29)
Mon père et sa sœur entourés par leur grand-père Jacques et leur oncle Yvon (photo vers 1930)
Un jour, dans la forêt situé près du village des Salles, nous avons eu une des plus grandes peurs de notre vie, la disparition de Gaëdick. Pendant que mes parents étaient occupés autour de la meule, Gaëdick, qui devait avoir 3 ou 4 ans, avait disparu. Malgré nos recherches et nos appels à tue-tête, aucun signe de sa part.
Je me rappelle qu’une peur panique s’est emparée de mes parents. La rivière de l’Ellé coulait à proximité. Il me semble qu’ils avaient alerté les fermiers des Salles, mais personne n’avait aperçu ma sœur. Soudain nous l’avons vu arriver par un sentier. Elle chantait en rentrant de sa longue promenade, un morceau de bois lui servait de canne.
Tellement contents de ce dénouement, je crois que mes parents n’avaient pas dû beaucoup la gronder.
Quelquefois, nous avions la chance d’être installés à proximité d’une ferme et de trouver des enfants de nos âges pour jouer. C’est ainsi qu’à Nargoät, je crois que j’avais 9 ans, je fis la connaissance de Victor qui avait le même âge et de sa sœur Marie-Noëlle légèrement plus jeune. Pendant les quelques semaines où mes parents travaillaient à quelques centaines de mètres de la ferme, Gaëdick et moi passions l’essentiel de notre temps à jouer avec eux. Ensuite, nous nous sommes perdus de vue, jusqu’au soir du 1er janvier 1965 où, grâce à une amie commune, je rencontrais à nouveau Marie-Noëlle. Nous nous sommes mariés, l’année suivante.
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