Hier, il aura fallu une douzaine d’heures pour que le feu atteigne le haut de la cheminée.
Avant de se coucher, mon père a percé, à mi-hauteur, une 2ème rangée de trous de tirage, également espacés de 40 cm. Dans la nuit, il s’est levé vers trois heures pour vérifier la fournée. Lors de cette surveillance nocturne il traque les éventuels appels d’air qui pourraient faire flamber le bois. Au lever du jour, mon père crée, tous les de 80 cm, une dernière rangée de trous, 20 cm au-dessus des autres.
On est à peu près vingt quatre heures après la mise en feu.
La carbonisation progresse du haut vers le bas. Au début, la fumée a une couleur plutôt blanchâtre et le bois commence par s’affaisser autour de la cheminée.
Pour accélérer ou ralentir le processus de la carbonisation, mon père ouvre ou ferme les trous d’évents.
Lorsqu’il détecte une zone trop avancée, qui crée un affaissement localisé, il ralentit la combustion en supprimant toutes les entrées d’air proches de la zone.
Une surveillance régulière, de jour comme de nuit, va être de plus en plus nécessaire. Mon père bouche toutes les prises d’air non désirées avec de la terre fine.
La fumée est encore blanchâtre, signe que l’on est toujours en début de carbonisation. Elle est quelquefois si épaisse qu’on a du mal à voir au travers. Son odeur âcre n’est pas trop désagréable mais se révèle parfois si intense qu’il est nécessaire de s’en éloigner.
La fumée commence à changer d’aspect, on distingue des nuages de fumée bleue, signe que c’est « cuit », selon l’expression de mon père.
Avant d’aller se coucher il fait une inspection très minutieuse. Au cours de la nuit il devra intervenir au moins toutes les deux heures pour boucher les trous qui se seront formés.
Quarante huit heures après la mise en feu, la fournée a bien changé d’aspect, elle s’est considérablement affaissée. La partie supérieure est complètement carbonisée, la fumée est totalement bleue presque transparente, une partie des mottes s’est transformée en cendres.
Mon père vérifie la « cuisson » du bas de la fournée. Le craquement du bois sous la pression de son pied lui donne de bonnes indications sur le degré de carbonisation.
Après soixante à soixante dix heures de « cuisson », en fonction de la nature et de l’humidité du bois, les vingt et un stères sont carbonisés.
Avant d’aller se coucher mon père va boucher, encore avec de la terre fine, toutes les entrées d’air. L’opération de refroidissement l’attend pour le lendemain après une nuit où il va devoir se lever une à deux fois pour surveiller la fournée.
A suivre, le refroidissement de la fournée…