Samedi 3 juin 2000 – Cizur-Menor / Santo Domingo de la Calzada – 139 km
Départ vers 8h00, sans petit déjeuner à l’assaut du Puerto del Perdon et de ses éoliennes qui se détachaient superbement hier soir sur un ciel orageux. Dans la montée, deux voitures sont en fâcheuse posture! Les « bombeiros » répandent de l’absorbant sur la chaussée.
La sierra del Perdon
Puente-la-Reina: nous avons beau chercher pour tamponner, tout est fermé, les églises, l’office du tourisme, personne à « l’alberghe ». Nous prenons le petit déjeuner sur un banc, sous les arcades bordant la place du marché et enfin vers 10h00 nous obtenons le tampon au séminaire situé face à l’église del Crucifijo dans laquelle il y a une superbe effigie du christ crucifié, sculpture gothique du XIVe siècle provenant d’Europe centrale.
José a pris le temps de prendre en photo le célèbre pont roman à six arches. Nous l’avons passé à pied comme les pèlerins, mais avec le vélo à la main.
Le pont roman de Puente-la-Reina
Ensuite nous passons près de Cirauqui, c’est un village que je trouve très harmonieusement étagé et coloré! Puis Estella nous vaut une halte. Nous admirons le porche de l’église San Pedro de la Rúa, mais elle est fermée et il est presque 11h00. En contrebas le palais des rois de Navarre est un rare exemple d’art roman civil. Un chapiteau illustre le combat de Roland et Ferragut.
Près de l’église du Saint-Sépulcre, avec sa statue de Jacques qui subit l’œuvre inexorable de l’érosion, nous croisons un pèlerin, avec la tenue typique presque d’un autre temps. Il faisait Saint-Jacques-de-Compostelle – Rome en aller et retour !!
A Irache, une pause au monastère, un casse-croûte mais sans le vin de la fameuse fontaine, il aurait fallu redescendre un peu !
La route est très vallonnée, nous traversons le vignoble de la Rioja, terre rouge, vigne, oliviers et lauriers roses.
Arrêt à Los Arcos, retrait de pesetas et achats de quelques fruits au marché qui se termine. Au gîte tenu par un charmant couple de Flamands nous tamponnons la créanciale.
C’est à Logroño, nous savons maintenant le prononcer (Lorrogno) que nous apercevons les premières cigognes sur un clocher. Nous remplissons nos bidons à la fontaine des pèlerins et prenons le temps d’admirer Saint-Jacques matamore sur l’église Santiago el Real.
Le gîte de Najera n’accueille les cyclistes qu’après 20h00 s’il reste de la place. Nous ne prenons pas le risque d’attendre. On pousse plus loin, à 20 km, il y a Santo Domingo de la Calzada. Il fait très chaud. J’en ai marre de pédaler.
La cathédrale de Santo Domingo de la Calzada
Visite de la cathédrale très rapidement, entre un enterrement et un récital d’une chorale. On ne s’attarde que devant le célèbre poulailler en pierre polychrome qui loge un couple vivant de gallinacés : une poule et un coq.
La poule et le coq, toujours de couleur blanche, sont changés tous les mois. Ce poulailler rappelle le miracle du « pendu dépendu » qui a propagé le nom de Santo Domingo de la Calzada sur tous les chemins de Compostelle.
« En 1130, Hugonel, jeune pèlerin germanique en route avec ses parents vers Saint-Jacques-de-Compostelle, passa la nuit dans une auberge de Santo Domingo de la Calzada. Une jeune servante lui fit des avances, qu’il repoussa. Éconduite, elle cacha dans son bagage de la vaisselle d’argent. Au moment du départ, elle l’accusa du vol du plat.
Il fut condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis. Les parents éplorés continuèrent leur pèlerinage et prièrent saint Jacques. À leur retour de Compostelle, ils entendirent leur fils leur dire, du haut du gibet, qu’il vivait, car saint Jacques le protégeait.
Sur leur pressante demande, ils furent exceptionnellement reçus par le juge qui était en train de manger de la volaille rôtie. Après les avoir écouté, ce dernier leur répondit avec ironie : « Il est vivant, aussi vrai que ce coq et cette poule vont se mettre à chanter ». Et, ô miracle, aussitôt le coq chanta et la poule caqueta. Le juge bouleversé fit dépendre le jeune homme et pendre à sa place la fautive servante. »
Le gîte de Santo Domingo de la Calzada est agréable. Pas de tarif, on donne ce que l’on veut. Nuit animée par des ronfleurs et par un orage. Réveillés à 5h00 par les marcheurs qui se préparent dans le noir.
En 2000, nous avons fait en treize étapes à vélo, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle à partir du Puy-En-Velay.
Extraits du carnet de route, tenu chaque soir par Marie-Noëlle.
Soyez indulgents pour la rédaction qui est parfois en style télégraphique et pour la qualité des photos qui sont, à part quelques rares exceptions, des scans de diapositives.